Le parapluie de Kafka : «chaque être humain dispose d’une salle en elle-même»

Autre calembredaine pour commencer la semaine sur le bon pied.

J’ai téléchargé sur Publie.net la traduction par Laurent Margantin de Chacun porte une chambre en soi.

François Bon a eu la bonne idée de nous fournir le texte original allemand ainsi que les traductions de Marthe Robert et de Margantin dans son billet Franz Kafka | un miroir pas bien accroché. Je les reproduis ci-dessous :

Version originale :

Jeder Mensch trägt ein Zimmer in sich. Diese Tatsache kann man sogar durch das Gehör nachprüfen. Wenn einer schnell geht und man hinhorcht, etwa in der Nacht wenn alles ringsherum still ist, so hört man z. B. das Scheppern eines nicht genug befestigten

Marthe Robert, dans La Pléiade

Tout homme porte une chambre en soi. C’est un fait qui peut même se vérifier à l’oreille. Quand un homme marche vite et que l’on écoute attentivement, la nuit peut-être, tout étant silencieux alentour, on entend par exemple le bringuebalement d’une glace qui n’est pas bien fixée au mur.

Laurent Margentin, Publie.net

Chacun porte une chambre en soi. Ce qu’on peut vérifier en prêtant simplement l’oreille. Lorsque quelqu’un marche vite et qu’on écoute – ce peut être pendant la nuit quand tout est silencieux –, on entend par exemple le cliquetis d’un miroir mural mal fixé, ou le parapluie

Je préfère les cliquetis de Margantin au bringuebalement de Marthe Robert. Le «quelqu’un» et le «chacun» à «l’homme». Un peu surpris toutefois par l’arrivée inopinée du parapluie dans la nouvelle version. J’adore. Pensée pour Lautréamont : « Il est beau […] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ! »

Mais comme mon allemand est incertain, j’ai soumis le texte à l’intelligence de Google translate. Ça donne – c’était couru d’avance – un texte un brin surréaliste (reproduit ci-dessous). Ni cliquetis, ni bringuebalement, mais du bruit. Pas de chambre, mais une salle en elle-même.  Google bute sur l’écoute (hinhorcht) et ne reconnaît ni glace, ni miroir, ni parapluie. Que le bruit d’un exemple, par exemple.

Google translate

Chaque être humain dispose d’une salle en elle-même. Ce fait peut être vérifié même par l’oreille. Si l’on va vite et vous hinhorcht, comme la nuit, quand tout est calme autour, de sorte que vous pouvez entendre le bruit d’un exemple non pour, assez fixé

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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2 réponses à Le parapluie de Kafka : «chaque être humain dispose d’une salle en elle-même»

  1. LM dit :

    Le texte allemand que vous avez copié chez F.Bon n’est pas complet, il manque donc le parapluie en allemand, mais je vous promets qu’il y ait dans l’édition critique !

  2. LM dit :

    qu’il Y EST (il est tard)

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