La Queen des Queens : Louise Guillemette-Labory

Louise Guillemette-Labory, directrice des Bibliothèques de Montréal. Elle travaille depuis des lustres au service des citoyens pour le développement des bibliothèques, de la culture, du loisir et du développement social. Elle profite de l’ouverture du Festival de Jazz de Montréal qui s’ouvre le 26 juin pour accrocher ses patins, non définitivement, croit-on.

Vraiment pas évident de trouver une image, une métaphore qui la dépeindrait, qui rendrait honneur à sa grandeur. Comment dire le plus grand que le grand. Hum! J’ai pensé à Falardeau, au King des Kings, à Elvis Gratton. Louise est la Elvis Gratton de la lecture publique, du développement social et autres machins inscrits dans notre planification stratégique full efficiente.

La Queen des Queens. Voilà! Attention, la comparaison a ses limites, alors que Gratton est un grossier personnage qui nous renvoie l’image de notre propre bêtise, Louise est lumière. Elle ne dirigeait pas bêtement, elle nous indiquait la direction, pour aller plus loin, plus haut, plus haut, plus haut, la Ginette Renaud des biblios!

Louise et Gratton partageaient toutefois la même devise : Think Big! C’est certain!

Elle nous a d’abord appris qu’il fallait faire copain avec le Politique et la Haute administration. Ses copains de route :  Miranda, Abdallah, Léger, Laperrière, Applebaum, lequel lui a enseigné que des problèmes d’argent il n’y en avait pas quand on a de la volonté politique… et des amis. Elle savait que nos meilleures idées doivent toujours être les idées du politique. Ça se jouait, au violon, parfois avec une grosse contrebasse larmoyante aussi. Elle maîtrisait parfaitement l’archet.

Il y a aussi eu Gérald Tremblay à qui elle a vendu le plan de consolidation des bibliothèques : harmonisation des systèmes de gestion des bibliothèques, bonification des heures d’ouverture, gratuité complète des services en bibliothèque, programme de rénovation et d’agrandissement de construction des bibliothèques et implantation de technologie RFID et du libre-service.

Des mauvaises langues ont même dit que l’ex-maire Tremblay ne savait pas qu’il avait fait ça… Louise savait convaincre. Un leadership à faire fondre les statues de bronze.

On connaît tous l’amour de Louise pour la ville de Québec, la belle capitale. Pfffff! Think big! Elle a voulu que Montréal devienne la capitale mondiale du livre.

L’automne est parfois terne, morose. Bof! Louise a dit : que la lumière soit et que naisse La Saison de la lecture de Montréal.

Elle a voulu la Bibliothèque Big, partout, tout le temps, en mouvement, impérialiste, occupant tous les territoires : physique, virtuel, hors les murs.

Des problèmes sociaux? Crise des surprimes, problèmes de maturité scolaire, de littératie, d’itinérance, d’employabilité, d’insertion sociale, d’opacité administrative, de faim dans le monde, de censure, d’ouragans destructeurs? Facile, les nouilles, la solution se trouve dans les bibliothèques.

Elle avait d’immenses lunettes roses, un grand rire tonitruant de Mère Noël. Il n’y en avait pas de problèmes, que des solutions à la portée de ses adjoints qu’elle avait savamment triés sur le volet.

Championne des paradoxes, elle tournait patiemment les coins ronds pour résoudre la quadrature du cercle, pour atteindre plus rapidement ses objectifs.

Elle a porté, olympienne, Suzanne Payette à ses baskets, le flambeau de la cause, partout sur la planète dans le train de l’IFLA des représentants des bibliothèques métropolitaines mondiales.

Je l’avais affectueusement baptisée la vendeuse de balayeuses, tant sa voix était forte pour porter, intarissable, le message avec conviction, passion et humour.

Elle était le plus grand aspirateur au monde. Un aspirateur de ce qui se disait et se faisait de mieux dans notre domaine. Outre sa vision des bibliothèques et du monde qu’elle s’attelait, inlassable, à transformer à sa guise, elle a toujours su s’approprier les meilleures idées de tous et les disséminer sans relâches. Elle se disait technouille ou technulle, mais elle était en fait technophile et technosolidaire, bien ancrée dans le siècle en cours.

Elle est devenue, au fil des ans, gigantesque mégaphone, spécialiste des systèmes intégrés de gestion documentaire, des makerspaces, du epub, de la bibliothèque numérique, du format MARC, des fablabs, de la cocréation, du codesign, des réseaux sociaux, des hubs, des tiers-lieu, de Linux, de Sierra, de la technologie RFID, d’Open Street Map, des certifications Leed, de la ludification, de technologie mobile, des Space Apps Challenge, de médialittératie, de sites web adaptatifs, des données ouvertes, des hacketons, et j’en passe. Un seul truc lui aura échappé, sans trop de conséquences, les maudits fils RSS dans lesquels elle s’amusait, comme une gamine sautant à la corde, à s’enfarger les guibolles.

Elle ne comprenait pas toujours, mais elle savait.

Elle avait un grand coeur, infatigable.

Qu’elle mette les bouts l’esprit tranquille, on poursuit son œuvre, on s’occupe de la centaine de partenaires et de projets qu’elle nous a foutus dans les pattes. On va en suer un coup, en pensant à elle, souriant!

Merci Louise, poursuis bien ta route et souhaitons que ton adjoint, le Bon Dieu, fasse que l’on se croise de nouveau, pour la lutte finale.

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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2 réponses à La Queen des Queens : Louise Guillemette-Labory

  1. Richard Duchesne dit :

    Très bel hommage. Louise le mérite tellement!

  2. Lorrie dit :

    Merveilleux!

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