Température et incipit : Orwell et Némirowsky (1-2)

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Never open a book with weather. Elmore Leonard, Ten rules for writing fictions.

Ah bon!

 

It was a bright cold day in April, and the clocks were striking thirteen. Winston Smith, his chin nuzzled into his breast in an effort to escape the vile wind, slipped quickly through the glass doors of Victory Mansions, though not quickly enough to prevent a swirl of gritty dust from entering along with him. 

 Georges Orwell, 1984  Londres, Secker and Warburg, 1949 (édition numérique).

C’était une journée d’avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heures. Winston Smith, le menton rentré dans le cou, s’efforçait d’éviter le vent mauvais. Il passa rapidement la porte vitrée du bloc des « Maisons de la Victoire », pas assez rapidement cependant pour empêcher que s’engouffre en même temps que lui un tourbillon de poussière et de sable.

 Georges Orwell, 1984, Gallimard, Folio, 2015, version numérique, (édition originale, 1949 – traduction d’Amélie Audiberti, 1950)

[Mise à jour du 3 juin 2018] :

C’est un jour d’avril froid et lumineux et les pendules sonnent 13 :00. Winston Smith, qui rentre le cou dans les épaules pour échapper au vent aigre, se glisse à toute vitesse par les portes vitrées de la Résidence de la Victoire, pas assez vite tout de même pour empêcher une bourrasque de poussière gravillonneuse de s’engouffrer en lui.

 Georges Orwell, 1984, Collection du monde entier, Gallimard, 2018, 384 p. (version originale, 1949 – traduction de Josée Kamoun)

Et en prime :

Chaude, pensaient les Parisiens. L’air du printemps. C’était la nuit en guerre, l’alerte. Mais la nuit s’efface, la guerre est loin. Ceux qui ne dormaient pas, les malades au fond de leur lit, les mères dont les fils étaient au front, les femmes amoureuses aux yeux fanés par les larmes entendaient le premier souffle de la sirène. Ce n’était encore qu’une aspiration semblable au soupir qui sort d’une poitrine oppressée. Quelques instants s’écouleraient avant que le ciel tout entier s’emplît de clameurs. Elles arrivaient de loin, du fond de l’horizon, sans hâte, aurait-on dit ! Les dormeurs rêvaient de la mer qui pousse devant elle ses vagues et ses galets, de la tempête qui secoue la forêt en mars, d’un troupeau de bœufs qui court en ébranlant le sol de ses sabots, jusqu’à ce qu’enfin le sommeil cédât et que l’homme murmurât, en ouvrant à peine les yeux.

– C’est l’alerte

Irène Némirovsky, Suite française. [Paris] : Gallimard, 2006, c2004. 573 p. (version numérique)

À suivre.

Merci à Serge Côté pour l’illustration.

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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2 réponses à Température et incipit : Orwell et Némirowsky (1-2)

  1. Ma favorite : «Winter came in like an anarchist with a bomb» (Ed McBain, The Pusher, 1956).

  2. Celui-ci est pas mal aussi : «Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, c’est mon habitude d’aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais Royal» (Diderot, le Neveu de Rameau).

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