Traces de Madrid : I speak español. (5)

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Un échantillon probabiliste non-scientifique.

J’ai constaté lors de mon récent passage à Madrid que les Espagnols ne souffrent pas d’insécurité linguistique.

L’utilisation du terme anglais brackets (en tête de ce billet), des broches esthétiques invisibles utilisées en orthodontie, ne provoque pas de démangeaisons chez les locuteurs madrilènes.

Sploiler.  Ils ont créé un néologisme : «espoilear». Anglicisme? Si peu. Très belle façon de s’approprier et d’avaler un mot provenant de l’anglais en respectant la logique de sa propre langue. Adjonction du préfixe typiquement espagnol es et du suffixe ear au radical anglais spoil.

Spam. Nous traduisons par «courriel non sollicité». Ils utilisent : «correo no deseado». Mais la plupart du temps, ils se rabattent sur «spam», sans complexes. Loi de l’économie linguistique. Nous utilisons pourriel, mais le mot est restrictif dans la mesure où le spam a dorénavant envahi nos blogues, la publicité sur les réseaux sociaux et nos moteurs de recherche. L’algorithme envahisseur. Tant et si bien que nous devons de plus en plus souvent procéder à des opérations de despaming.

Fake news. Ce sont des «bulos» (canulars), du moins dans la parlure populaire. Belle économie linguistique, encore. Sinon, dans un registre plus soigné, ils peuvent toujours se rabattre sur «noticias falsas»

Je confirme : la langue espagnole n’est pas en péril.

J’ai aussi appris que les Espagnols sont épargnés par l’insécurité identitaire. Les enseignantes peuvent porter le hijab en classe dans la mesure ou elles ne versent pas dans le prosélytisme. Sauf que c’est comme ici : si ça existait, on le saurait.

Bonne Fête nationale!

Illustration : Luc Jodoin, Madrid, 29 mai 2019.

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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4 réponses à Traces de Madrid : I speak español. (5)

  1. Luc Seguin dit :

    « Nous utilisons pourriel, mais le mot est restrictif dans la mesure où le spam a dorénavant envahi nos blogues, la publicité sur les réseaux sociaux et nos moteurs de recherche. L’algorithme envahisseur. Tant et si bien que nous devons de plus en plus souvent procéder à des opérations de despaming »

    Pas la même chose, il me semble. La pub vient en contrepartie d’un service que nous utilisons ; elle est plus ou moins ciblée. Le spam n’est la contrepartie de rien, et il n’est pas ciblé

    • Luc Jodoin dit :

      Ça se défend. Il n’en demeure pas moins que j’ai présentement 301 commentaires non-sollicités et non-ciblés sur mon blogue. Dans toutes les langues : russes, anglais, serbo-croate, etc. Le fait de robots malfaisants, probablement. N’empêche, ça m’oblige à de fastidieuses opérations de despaming. L’hiver dernier, j’en avais plus de 11 000. Sont-ce des p[c]ourriels? Pas sûr.
      J’hésite à t’envoyer un message me conseillant un savon à main non-polluant, mon mur Facebook et mon interface de recherche Google seront rapidement pollués de messages me proposant l’Ivory amélioré. :-) Du spam pas des pourriels, il me semble.

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