Il y a toujours plus de carton, de papier, de colle que de mots dans les livres de Bobin. Faudrait le convertir au numérique dans un esprit doucement durable.
Grande gêne à juste le citer, tellement il fait court.
Je viens d’achever La présence pure.
Un regard sur un père atteint de la maladie d’Alzheimer, le monde qui l’entoure et un arbre à la fenêtre.
Je cite le philosophe, pour simple mémoire :
Le grand malheur de croire que l’on sait quelque chose
et ce vécu, cruel, mais tellement réel :
Assis pendant des heures dans le couloir de la maison de long séjour, ils attendent la mort et l’heure du repas.
le vrai :
Ils aiment toucher les mains qu’on leur tend, les garder longtemps dans leur main à eux, et les serrer. Ce langage là est sans défaut.
et froidement :
La vérité est ce qui brûle. La vérité est moins dans la parole que dans les yeux, les mains et le silence. La vérité ce sont des yeux et des mains qui brûlent en silence.
Christian Bobin : La présence pure, Le temps qu’il fait, 1999.