Résumé : Dystopie molle, thriller psycho-social, huis-clos, .
Lauréat d’une panoplie de prix:
Prix littéraire du gouverneur général;
Prix littéraire des collégiens (des collégien.n.e.s ?);
Prix littéraire France-Québec;
Prix Ringuet.
Lecteur, tu auras peut-être comme moi un léger agacement à la lecture de ce roman – somme toute bien mené, avec ses tensions dramatiques et tout – quand tu croiseras certaines figures de style un peu ampoulées. Usage un tantinet marqué par l’anthropomorphisme dans la construction de la métaphore et de la comparaison: des flammes à l’appétit insatiable que se tordent de rire; des fondations qui serrent les dents; des vagues qui entrent dans le port sur la pointe des pieds; l’hiver qui marche sur nos têtes; des flocons carnivores; une nuit affamée; des montagnes qui bombent le torse.
Exemples triés sur le volet :
Les arbres s’inclinent, ploient vers le sol, courbent l’échine. p. 11.
Les pièces transpiraient les tours d’horloge. p. 55.
[…] j’aperçois des flammes immenses. Elles avancent en se tordant de rire et dévorent la forêt avec un appétit insatiable. p. 80.
Pendant ce temps, dans le poêle, le bois vert siffle dans les flammes comme s’il pestait contre son destin. p. 84.
La véranda s’ajuste au froid. Le bois de la structure se raidit. Les fondations serrent les dents. p. 112.
Partout les gens se font réveiller par les caresses glaciales de l’hiver et se dépêchent de faire une première attisée. p. 112.
Dehors, le soleil frappe la neige à pleines mains. p. 131.
Des cristaux de neige longent la silhouette fuselée des arbres. p. 143.
La neige grimpe jusqu’au bas de ma fenêtre et se presse contre la vitre. p. 143.
Quelques flocons sont suspendus dans les airs, comme s’ils attendaient des renforts avant de se jeter sur nous. p. 146.
Les flocons couvrent déjà les traces d’une mince couche de silence. p. 167.
Elles [les gouttes tombant du plafond] fondent sur nous avec l’instinct des grands carnassiers qui ont dans leurs veines le souvenir immémorial de leurs ancêtres encerclant méthodiquement leurs proies avant de les dévorer. p. 184.
Devant moi, je ne discerne que les premières marches de l’escalier qui s’enfonce dans cette gueule béante et sombre. p. 191.
De lourds nuages gris enveloppent le paysage. Ils survolent la forêt à basse altitude et caressent la cime des arbres en abandonnant quelques flocons. p. 194.
Au coin de ses yeux et sur son front, ses rides lui donnent un air de soleil couchant avant la tempête. p. 195.
C’était un matin tranquille, même les vagues entraient dans le port sur la pointe des pieds. p. 200.
Ses yeux s’ouvrent alors comme les tisons d’une forge sous les coups d’un soufflet. p. 202
On dirait que l’hiver marche sur nos têtes. p. 205.
On dirait que l’hiver s’amuse avec un squelette immolé qui n’a reçu aucune sépulture. p. 229.
Le froid me mord les doigts et essaie d’avaler mes mains. p. 240.
La nuit a faim. Et les flocons sont carnivores. p. 242.
Je m’adosse au cadre de porte et regarde la lumière se lover dans les bras noirs des arbres. p. 247.
Je reste là un bon moment, entre les caresses chaudes du jour et les mains glacées des courants d’air. p. 248.
Les montagnes bombent le torse et la neige est resplendissante. p. 252.
En approchant, j’observe le flanc des montagnes. Partout, on sent que les arbres veulent se débarrasser de la neige. p. 263.
Ça finit par être assez comique… Ce n’était sûrement pas le but de l’auteur.
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Petite notule, en prime, pour :
Quand on tend l’oreille, on n’entend que les poutres qui craquent au-dessus de nos têtes. p. 48
Quand on me laissait enfin seul, je tendais l’oreille pour comprendre ce qui se passait dans la pièce adjacente. p. 28
Zeugme : Enfoncé dans mon lit, je peste contre mon sort. J’aurais tellement aimé contribuer et abattre quelques arbres. Au lieu de cela, je trépigne dans mon lit, coincé entre ma tête et mes attelles. p. 69
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Référence :
Christian Guay-Poliquin, Le poids de la neige, Éditions de la peuplade, 2016, 296 p.
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