Dans ce fort récit,
L’avenir est flou.
La mort est tellement multiple.
J’en avais vu des cadavres dans ma vie ! Celui de ma grand-mère à côté de moi dans le lit, des corps dévorés par les chiens, des cadavres de jeunes personnes en si bon état que j’avais des doutes sincères quant à leur statut de mort, des cadavres décapités, brûlés, des nouveau-nés que leurs mères avaient jetés dans des bennes à ordures, dans des lits de ravines parce qu’elles ne pouvaient pas s’en occuper, parce qu’elles avaient peur de la réaction des parents, des membres de leur église, et dont des animaux s’étaient repus, le cadavre de mon ami Pierrot, mais l’homme transformé en passoire, le pantalon baissé, le cul plein de merde, les morceaux du bol des toilettes explosé sous les balles autour de lui et sur son corps, je n’avais jamais vu ça. Une telle humiliation dans la défaite me touchait beaucoup.
J’ai laissé des traces sur ce récit. Ici et par là.
Emmelie Prophète, Les villages de Dieu, Mémoire d’encrier, 2020, [édition numérique]