Une bibliothèque de rêves

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[Publié sur Facebook, le 3 avril 2024. Je l’archive dans mon univers numérique]

Le dernier livre de Murakami. Ça pourrait plaire à mes ex-collègues des Bibliothèques de Montréal. C’est malheureusement en espagnol, la version française est prévue en 2025. Je sais que les bibliothécaires de Montréal sont patients. Ils ont pris l’habitude du « pas municipal » et de ses lenteurs. En attendant, « Pour aller plus loin », voici un court extrait assez fascinant – traduit maison par ma dulcinée – dans lequel il est question d’une bibliothèque sans livres, mais composée de longues rangées silencieuses de vieux rêves en forme d’œuf.

Au cours de ma première semaine, j’ai essayé de lire attentivement les vieux rêves que tu avais sélectionnés pour moi. Sans grand succès : je n’arrivais pas à en tirer le moindre sens. Ils marmonnaient, me chuchotaient des ambiguïtés, me montraient des images floues, fracturées et éclatées, comme des cassettes et des films composés de fragments sans lien entre eux, joués de la fin au début.

Les étagères des magasins de la bibliothèque ne contenaient pas de livres, mais une myriade de vieux rêves disposés en longues rangées silencieuses, recouverts de fines couches de poussière blanche, signe d’une inactivité prolongée. Ils avaient la même forme ovale, mais leur taille variait, de même que leur couleur, comme si chacun provenait d’un animal ovipare différent. Cependant, malgré leur forme, personne ne les confondrait avec un œuf. Lorsqu’on les tenait dans la main et qu’on les regardait de près, on remarquait le renflement de la moitié inférieure de l’œuf par rapport à la moitié supérieure, plus marqué que dans un œuf normal. Ces caractéristiques leur conféraient une grande stabilité et les maintenaient rigides sur les étagères, les empêchant de tomber au sol même sans support.  p. 39

Para servir.

¡Abrazo fuerte!
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Haruki Murakami, La ciudad y sus muros inciertos, TusQuests editores, colección andanza, Barcelone, 2024, 560 p. Traduit du japonais par Juan Francisco González Sánchez,

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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