Je porte à votre attention un recueil de nouvelles de Nana Kwame Adjei-Brenyah : Friday Black. La traduction est malheureusement franchouillarde, mais la nouvelle éponyme vaut à elle seule le détour.
C’est du réalisme dystopique.
Une meute de bons citoyens, en quête de l’indispensable, défonce, toutes griffes dehors, la bouche écumante de bave, la grille métallique d’un méga centre commercial pour profiter des aubaines du Black Friday. Ça s’étripe à qui mieux mieux pour mettre la main sur un manteau Canada Goose, un écran télé HD gigantesque, une tarte à déguster lors de la Thanksgiving… « Ils crient, et feulent et griffent et gémissent». Un préposé à l’entretien des lieux balaie les cadavres sur un transpalette. À l’extérieur, la chaussée est couverte de flaques de sang et des pieds dépassent des poubelles.
Un regard caustique et dévastateur sur ce qu’on nommait jadis la société de consommation.
J’ai aussi eu une pensée pour Herbert Marcuse et son Homme unidimensionnel.
Bebette Bérubé.
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Nana Kwame Adjei-Brenyah, Friday Black, Albin Miche, coll. Terres d’Amérique, 2021, version epub.