Never open a book with weather. Elmore Leonard, Ten rules for writing fictions.
La cabane retrouve l’homme. Mathieu retrouve ses gestes habituels : sa tête qui s’incline quand il franchit le seuil, ses pieds qui se secouent près de la porte. Il se réinstalle au milieu du quotidien, le bois à rentrer, l’eau à transporter la nourriture à quérir.
Tout est prêt pour le trappage, sauf le temps. Assis à longueur de jour sur le pas de sa porte, Mathieu rêve. Devant lui, passé le ruisseau, la forêt s’étale longtemps avant de grimper sur le flanc de la Montagne Verte. Chaque branche porte sa charge de vie : oiseaux, écureuils, martres, insectes endormis, bourgeons où sommeillent les feuilles à venir. Depuis août, Mathieu espère la neige. En mars, il rêvera de vert. Mais en août, c’est la neige qu’il attend; les mouches et les moustiques, il les a assez supportés; le soleil, sa peau n’en peut plus de le recevoir. Vienne l’hiver! Car l’hiver ne ferme pas la forêt, au contraire, il fait des marécages et savanes des étendues propices à la marche en raquettes. Et les lacs et rivières deviennent autant de routes.
p. 10
Le roman comporte un curieux avertissement :
Ce livre comprend un certain nombre de canadianismes, néologismes et mots d’origine anglaise ou autre. Les lecteurs qui désirent se familiariser avec ces termes trouveront, à la fin de cet ouvrage, un glossaire qui en donne la définition. p. 4
Mes préférés : astheure, atriqure, boucaner, bouette, bûcheux, câlice, combinaison (sous-vêtement), payer un coup, crémone, cretons, espère (à l’), fardoche, frette, hostie, motton, mouver, niaiseux, ouache, parka, poudrerie, shed, talle, tanner, train (faire le), traite (payer une), velimeux.
Même pas besoin de glossaire.
Référence :
Jean-Yves Soucy, Un dieu chasseur, Les éditions La Presse, ltée, 214 p.