Cette semaine, je me pointe à ma bibliothèque de quartier cueillir mes réservations et télécharger la dernier numéro de l’Obs pour lire une entrevue avec Elena Ferrante. Je m’installe dans un fauteuil. Sur la table, tout à côté, un usager a abandonné un livre de Christian Bobin : Un bruit de balançoire.
Je l’ouvre au hasard, page 13. Je lis :
Chère Inconnue,
l’été est intolérant. Le soleil casse les vitres. La maison boîte. Les livres poussent partout, jusque dans les couloirs, comme des mendiants experts à trouver la meilleure place.
L’insoutenable poids de la métaphore, encore.
Autre essai, d’un coup de pouce, p.27. Je lis :
Monsieur le forestier,
les arbres, chose inhabituelle, se taisaient. Aucun bruit dans la forêt, sinon le poème inlassable d’un ruisseau, sa petite voix claire : « Je disparais quand j’apparais. »
Le livre me tombe des mains, s’écrase au sol. Je prends mes cliques et mes claques et je quitte la bibliothèque.
Dehors, il fait un froid de canard. Je vous le dis, les pins palpitent.
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Référence :
Christian Bobin : Un bruit de balançoire, L’Iconoclaste, Paris, 2017, 97 p.
Nouvelle catégorie : Le poids de la métaphore