Et si l’amour c’était aimer ?

fabcaro et si l'amour c'était aimerAprès Zaï, Zaï, Zaï, Zaï où il écorchait avec un humour tordu les travers de notre technocrate société de consommation et avec Carnet du Pérou. Sur la route de Cuzco où il s’amusait à déconstruire les poncifs du voyage et de l’exotisme, Fabcaro remet ça avec les affres de l’amour dans un titre résolument tautologique : Et si l’amour c’était aimer ?  

Bande dessinée ayant la facture des romans photos que mes tantes lisaient quand j’étais plus jeune. Plus kitsch que le kitsch, ce qui en fait un album complètement délirant. Absurde, dingue et extravagant.

Sandrine et Henri mènent une vie d’amour avec d’éternels émerveillements, car «il n’y a rien de plus merveilleux au monde que le concept de vie à deux… » Des conversations emballantes… Henri est de retour du travail :

Sandrine –  Ça va mon chéri? Tu as passé une bonne journée?

Henri – À un moment donné à la cafét’, Richard a confondu le sel et le poivre, du coup il a mis du poivre dans la paëlla….

Sandrine – Ah Ah Ah ! Mon chéri, la  vie avec toi est une suite de surprises renouvelées à chaque jour.

Hum.

Arrive un soir où les tourtereaux, dans un désir constant de renouvellement de leur couple, optent pour la livraison d’une macédoine pour le souper. Le livreur de Speed Macédoine arrive dare dare avec le produit. Coup de foudre immédiat de l’épouse pour le beau ténébreux. Sandrine est dans tous ses états, elle «sentit tous ses sens s’enflammer tel un incendie se propageant dans la forêt de tout son corps». Vous voyez le genre.  Je ne vous raconte pas les torrides et hilarants rêves érotiques de Sandrine. Elle n’en peut plus, la pauvre.  Tant et si bien que pour pouvoir contempler de nouveau le bel éphèbe, elle commandera de la macédoine tous les soirs durant un mois sous l’œil complaisant de son mari Henri, avec lequel tout se renouvelle sans cesse. Elle finira par passer au livreur un mot, gros comme un poster (à la face de son mari qui n’a rien remarqué), l’invitant à aller se balader au zoo. Balade inspirante, l’ensemble des animaux en profitent pour faire la bête à deux dos par un bel après-midi ensoleillé. Autre épisode décapant et obligatoire : le souper en tête en tête, les yeux dans les yeux de fureur amoureuse, – Fabcaro n’osera pas, mais oui – le bel Apollon interrompt subrepticement le repas pour aller faire caca. Romantisme  retourné. Les êtres adultérins finiront par être confondus… Je vous laisse découvrir la suite : «l’amour est une chose éphémère et imprévisible». À lire avec attention, vous serez déconcertés à toutes les pages par tant de joyeusetés désordonnées. Ne vous faites pas de mouron : tout est bien qui finit bien.

Interrogations existentielles subsidiaires :

  • Devrait-on toujours présenter sa carte de fidélité lors de la livraison d’un plat de macédoine?
  • La fidélité, est-ce si important, au fond?  p. ?

Référence :

Fabcaro : Et si l’amour c’était aimer? 6 Pieds sous terre éditions, 2017, 52 pages (n’ont pas pris la peine de les numéroter)

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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