Température et incipit : La nuit juste avant les forêts de Koltès (8)

Koltès Bernard-MarieNever open a book with weather. Elmore Leonard, Ten rules for writing fictions.

Ah bon! Allons voir du côté de Bernard-Marie Koltès :

Tu tournais le coin de la rue lorsque je t’ai vu, il pleut, cela ne met pas à son avantage quand il pleut sur les cheveux et les fringues, mais quand même j’ai osé, et maintenant qu’on est là, que je ne veux pas me regarder, il faudrait que je me sèche, retourner là en bas me remettre en état – […]

Ça continue ainsi d’une seule phrase jusqu’à la fin et il trouve le tour, le bougre de Koltès, de boucler sa finale avec la pluie… Dans les dents, Elmore Leonard! :

[…] j’ai tant envie d’une chambre et je suis tout mouillé, mama mama mama, ne dis rien, ne bouge pas, je te regarde, je t’aime, camarade, camarade, moi, j’ai cherché quelqu’un qui soit comme un ange au milieu de ce bordel, et tu es là, je t’aime, et le reste, de la bière, de la bière, et je ne sais toujours pas comment je pourrais le dire, quel fouillis, quel bordel, camarade, et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie, la pluie.

J’ai relu deux phrases en deux jours. Celle de Koltès et celle de Mauvignier : Ce que j’appelle oubli.  Je broute.

Grâce aux bons soins de François Bon, le Youtuber, et à son atelier d’écriture…

Références :

Bernard-Marie, Koltès : La nuit juste avant les forêts, Minuit, 1988, 64 pages.

Laurent Mauvignier: Ce que j’appelle oubli, Minuit, 2011, 62 pages.

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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