François Hébert : iconoclaste (1)

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[Série : François Hébert, 1946-, critique littéraire au journal Le Devoir ]

Le 29 octobre 1983, Le Devoir accueillait dans ses pages le professeur et écrivain François Hébert à titre de chroniqueur littéraire.

Belle période de la critique littéraire. Il ne s’est pas fait d’amis parmi de nombreux écrivains québécois, mais il a égayé mes samedis matins, rendu un peu moins pénibles mes lendemains de veille parfois un peu trop arrosés sur l’avenue du Parc.

Le style «brodequin» l’agaçait un tantinet. J’y reviendrai.

Il faisait la paire, la pluie et le beau temps avec Robert Lévesque, autre plume assassine et «iconoclaste».

Un extrait de sa première chronique ? Il évaluait les qualités d’un roman de Claude Jasmin : Deux Mâts, une galère :

J’ai lu de mauvais livres, mais je crois bien que celui-ci est le
pire : sans structure, sans contenu, sans intérêt. […] Le livre est un torchon, n’insistons pas. 23 octobre 1984

C’était parti, avec fougue. Dur métier, celui de chroniqueur littéraire.

Il avait ses préférés : Jacques Poulin, Gabrielle Roy, Renée Lapierre, Monique Proulx et bien d’autres.  À suivre, dans un autre épisode.

Ses post-scriptum étaient la plupart du temps truculents et sans complexes :

PS
L’ICONOCLASTE.

SELON Jean-Charles Falardeau,  je suis « l’iconoclaste de service » des lettres québécoises.

Ma franchise étonne, désarme. Je suis à la fois brave et cave. C’est que je n’aime pas, aveuglément, les veaux d’or. J’en casse. Je suis Jean Casse, comme il y a eu Jean Narrache.

Hélas, au lieu que le veau tombe de son piédestal, on me hisse sur le mien ! J’en arrache.

À cet égard, mon curriculum vitae est étoffé. Pour la petite histoire, sachez que j’ai déjà été dénoncé comme « pitre » par un secrétaire de l’Union des écrivains québécois; traité de «criticaturiste » par l’autre secrétaire; de « nono » dans un roman; de « plumitif », de « parisien » et de « maurrassien », et de « rat de papier », de « macho » et j’en passe, par Jean-Pierre Faye (de France !); de « misogyne » par le chroniqueur littéraire de La Presse et de « professeur » ( ! ) par un autre chroniqueur; d’« idiot » par un poète et d’auteur qui n’a « rien à dire » par un autre membre du politburo de L’UNEQ (qui, en ce cas, me fait penser au Comité de salut public de Wajda dans son Danton).

Ils vont me rendre célèbre !

26 novembre 1983.

Il ne méprisait pas la littérature québécoise, il aimait la littérature (je le cite de mémoire).

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En prime, sachez que Guy Lafleur a accroché ses patins en 1984. [Il les chaussera de nouveau plus tard avec les Rangers de New-York (1988-1989) et avec Les Nordiques de Québec (1989-1991)]

Sachez aussi que Tintin et Ray Charles ont fait leur entrée dans Le Petit Larousse cette même année. Il était temps.

Que Kafka aurait eu cent ans en 1984 s’il n’était pas mort trop tôt, en 1924, d’une tuberculose.

Sources :

Pour la critique complète du bouquin de Jasmin, c’est ici
Le post-scriptum, c’est par .

Pour avoir accès à l’ensemble de la collection du Devoir, voir Revues et journaux québécois numérisés par BAnQ

Besoin d’aide? C’est. Démerdez-vous.

Crédit photo : Wikipédia.

P.-S. Bouteille à la mer : Véronique Gagnon : te souviens-tu?

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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