Je suis allé piocher dans le Journal de Paul Claudel – 1928 et 1929 – suite à une publication de l’excellent libraire Bruno Lalonde de l’Atelier-Librairie Le livre voyageur.
Je note des perles tirées du Journal du maître-nageur :
Fervent religieux : « Chaque matin à la messe de 7 h. cette grande jeune fille en chapeau noir et qui ne communie jamais. », 31 janvier 1928, p. 799
Signes avant-coureurs de la crise de 29: « Pluie et froid tout ce mois de juin. Le 24. Stabilisation de la monnaie française au change de 3 cents 93 pour un franc (4 sous). Banqueroute des 4 cinquièmes. », 24 juin 1928, p. 818
L’amour : « Au printemps et l’été en Amérique on voit à certains endroits des files d’autos, remplies de couples amoureux. Ce qu’il y a de curieux c’est qu’ils s’amassent tous au même endroit pour faire l’amour. C’est comme la pariade des insectes. », 24 juin 1928, p. 819
Littérature 1) : « La difficulté avec les romans anglais est d’arriver à la page 175, ensuite tout va bien. », 26 octobre 1928, p. 835
Froid observateur : « Mardi – Temps sombre, pluie. On lynche et brûle un nègre dans le Miss[ouri]. », 1er janvier 1929, p. 845.
Littérature 2) : « Proust dépeint des actions au ralenti, c[‘est]-à-d[ire] littéralement décomposées, par conséquent faussées. », 26 mars 1928, p. 852.
Proustien? : « Une silencieuse expansion des cloches.», 24 juin 1928, p. 818
Littérature 3) : « Inexprimable galimatias et nullité des écrivains Irlandais modernes, tous plus nuls et plus vains les uns q[ue] les autres : Yeats, A[rthur] S[Symons], Joyce, Moore. Tous des apostats naturellement. Comment peut-on écrire pareilles idioties ? », 2 novembre 1929, p. 888.
« Forma mentis eterna » [La figure de l’âme est éternelle], (Tacite), février 1928, p 801.
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Il n’avait pas que des amis :
« Claudel n’a pas eu que des admirateurs, mais aussi des détracteurs. Après la mort de Claudel, André-Paul Antoine, journaliste à L’Information, a publié cette épitaphe littéraire dans son journal : « Si M. Paul Claudel mérite quelque admiration, ce n’est ni comme poète, ni comme diplomate, ni comme Français, c’est comme maître-nageur » Source : Wikipédia.
Référence :
Paul Claudel, Journal. Tome I, 1904-1932, texte établi et annoté par François Varillon et Jacques Petit, professeur à la faculté des lettres de Besançon, Paris, Gallimard, « coll. Bibliothèque de la Pléiade, 205 », 1968, 1499 p.