Valentins foudroyés

J’aime les débuts de roman. Deux cas de figure intéressants que 133 ans séparent. Et pourtant grande similitude dans la concision, l’attaque, le coup de ciseau et les coeurs foudroyés.

J’aimais éperdument la Comtesse de ***; j’avais vingt ans, et j’étais ingénu; elle me trompa; je me fâchai; elle me quitta. J’étais ingénu, je la regrettai; j’avais vingt ans, elle me pardonna; et comme j’avais vingt ans, que j’étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l’amant le mieux aimé, partant le plus heureux des hommes.

Vivant Denon, Point de lendemain, 1877

Je l’ai rencontré un soir de printemps. Je suis devenue sa maîtresse. Je lui ai offert la combinaison en latex qu’il portait le jour de sa mort. Je lui ai servi de secrétaire sexuelle.. Il m’a initiée au maniement des armes. Il m’a fait cadeau d’un revolver. Je lui ai extorqué un million de dollars. Il me l’a repris. Je l’ai abattu d’une balle entre les deux yeux.

Régis Jauffret, Sévère, Seuil, 2010

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
Ce contenu a été publié dans Littérature. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *