La mouche envahit toute la littérature. Où que vous posiez l’œil, vous y trouverez la mouche. Les véritables écrivains, quand ils en ont eu l’opportunité, lui ont consacré un poème, une page, un paragraphe, une ligne; Augusto Monterroso, Les mouches. Pour le contexte, voir ici
JimG m’a transmis un haïku écrit par une de ses amies punkette.
Et hop! De la flotte!
Le soleil est en déroute
Les crapauds rigolent
La météo, on s’en fout
Les mouches veulent danser
Message bien reçu : un moratoire est demandé à propos de la publication abusive d’incipit météorologique dans les chansons.
Les mouches colonisent depuis longtemps la chansonnette. Il suffit d’avoir l’oreille tendue (ou tordue, au choix) pour les entendre vrombir dans les textes des véritables paroliers. JimG
Il n’en reste pas là, il me recommande l’écoute de la drolatique et poétique chanson La Mouche de Mathias Imbert (nom de scène Imbert Imbert).
Il avait sept ans et demi,
c’était un bon petit
Tout plein de soleils dans les yeux,
de ceux qu’on garde peu
Il était calme, il était sage,
pas très grand pour son âge
Mais on sentait dans ses façons,
que c’était pas un con
Il aimait à être tout seul,
jouer à compter les moutons
Adossé au tronc du tilleul.
Un jour qu’il n’avait pas école,
sous son arbre, tranquille
Il aperçut dessus le sol
une mouche immobile
Elle semblait morte, bel et bien,
il l’a pris dans la main
Mais quand il lui toucha le nez,
il l’a senti bouger
Il accourut dans la cuisine,
sorti le miel la margarine
Lui prépara une tartine.
A partir de ce jour
De ce geste d’amour
De ce don du dedans
Il trouva une amie
Et un sens à la vie
Il l’aima tellement
Qu’la mouche s’en remît.
Il lui donnait à butiner
aux heures de repas
Elle avait bien récupéré,
mais ne volait toujours pas
Il la prenait jusqu’à l’école,
perchée sur son épaule
Mais un jour en sortant de la douche,
plus trace de la mouche
Et alors qu’il pleurait des nus,
un grattouillis sur son dos nu
La mouche lui était revenue.
A partir de ce jour
Dans un geste d’amour
Dans un don du dedans
C’est en mari fidèle
Qu’il aima sa donzelle
Et l’aima tellement
Qu’il lui coupa les ailes.
Cette histoire n’est pas terminée,
attention à la chute
Car du troisième où il vivait,
elle fut un peu abrupte
Comme il était vraiment content
de ce vieux coup fumant
Il s’en alla radieux et fier
la montrer à sa mère
Elle en fit une anastomose,
mais en contenant sa colère
Elle lui dit de faire quelque chose.
Sans plus faire de détours
Il rendit son amour
Aux libertés du vent
Reniant tout son être
Et la voulant renaître
Il l’aima tellement
Qu’il la jeta par la f’nêtre.
Toute ressemblance à des faits
Ou à des personnages
Sont totalement assumés
Volontaires et sauvages
Et la morale de cette histoire
N’a d’autre vertu que de voir
Ou d’envisager à devoir
Se méfier de l’amour
Du boulet qui l’entoure
Qu’est la nature humaine,
Se trouver un ami
Et un sens à la vie
Mais surtout pas le même
Se méfier de l’amour
Du boulet qui l’entoure
De ces dons du dedans
Des serments qui s’emmêlent
Du sermon rituel
D’être bien vigilant
À ne pas perdre ses ailes.
En-tête : Ptecticus Trivittatus, une mouche soldat. Photo prise par Marie-Anne Poggi, responsable du Club des irrésistibles des bibliothèques de Montréal. Le blogue du Club est sous respirateur artificiel depuis le 28 novembre 2024. Il est toutefois possible de s’abonner à son infolettre hebdomadaire pour faire le plein de recommandations de lecture. Vous n’avez qu’à cliquer ici.
La chanson :