La Dèche d’Akim Gagnon : son feuilleté discursif

La dèche

Le héros de cette autofiction aime les œuvres d’art, la bibine, la musique et les verbes d’action. Se crinquer le pinson; s’autofaire l’amour; se polir un peu le pion; arroser le bout de [s]on pipeau; faire couler [sa] sauce gribiche; se vider les gosses; s’affuter l’opinel; faire cracher le venin au python; [s]’éplucher le panais dans les buissons; elle croit que je me crosse dans un parc; me masturber dans les toilettes (7 occurrences); Elle aura tout le luxe de se rouler la bille; planter ta mère (2); gagner le jackpot à la loto en même temps qu’il se faisait sucer; essayer de ne pas déféquer dans mon pantalon; [se] faire élargir le trou sombre en prison;  je suis sur le bord de chier dans mes culottes; ça bande (1 fois); ça se crosse (8 ); ça chie (16) et ça pisse (21). Il y a des crosseurs (4).

Un livre au style fleuri. Ça sent les bombes puantes, l’odeur constante de ma marde peu importe si j’ai mangé du Kraft Dinner ou une grosse crisse de quenelle de caviar, la diarrhée, les reflux gastriques acides et le pet quand je rote.

Truculent? Déconstipant?

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Il maîtrise, à mon goût et à la perfection l’art du sacre québécois : Ha ben tabarnak d’ostie de câlisse de criss de ciboire de sacrament de calvaire de baptême de bâtard de maudit criss de sacrifice d’ostie de simonaque de viarge, ça mord ! C’est le poisson, il est pris à l’hameçon !

Son juron préféré est « esti »(34) et sa variante « estie » (10). Variation kundérienne? Tentative de forger un lipossibe? Distraction du correcteur d’épreuve?

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Il s’adonne à l’art de l’énumération. À la fin du récit, il dresse la liste de ses 136 émerveillements, avec autant de virgules et 796 mots. Je ne vais pas tout citer. En voici un extrait :

Sauver l’émerveillement que j’ai devant une morue charbonnière, […] un chien borgne, […]  le poivre de Sichuan, […] la neige qui s’accumule sur mon balcon et qui reflète la lumière du soleil dans ma cuisine sombre en hiver, […] les papiers de Tardif dans La Presse, […] la poutine de Chez Ben, […] les figurines de lutte, […] une phrase d’un livre qui m’habite à jamais, […] un livre pas cher à la librairie l’Échange, […] un bidet, […] la résistance d’un sans-abri, […] une grosse queue dans un porno, des gros seins, des petits seins, des seins, deux tetons, des boules, […] les mouches à fruits qui résistent à toute tentative d’extinction, […] le souvenir du rire de Louis-Philippe Janvier mort-trop-jeune-trop-tôt, […] le rire des Gagnon™.

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Présence de mouches dans son récit?

Une qui embrasse malgré elle le windshield.

Une autre avec des gants de boxe.

Et des mouches à fruit [déjà cité]

L’exception qui confirme la règle? Il est peut-être promis à un grand avenir, mais je ne suis pas certain qu’Augusto Monterroso lui accorderait la palme du véritable écrivain.

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L’incipit? J’ai une petite bizoune. Un pion?

L’excipit? J’ai une petite bizoune. Un opinel?

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Akim Gagnon, La Dèche, Groupe d’édition la courte échelle, La Mèche, 2025, 279 p.

 

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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