J’ai téléchargé, curieux, le roman de Moussa Konaté : L’assassin du Banconi : les enquêtes du commissaire Habib. Chez Publie.net
On peut dès la première page du roman évaluer l’art avec lequel Konaté campe, autour d’un jeu de ballon de chiffons, un pays, des jeunes, la putrescence, le rapport à la mort et des rires bien vivants. De la couleur, des odeurs et de la précision.
J’y plonge.
Au bord d’une des rares rues spacieuses au tracé incertain, deux garçons jouaient au ballon — une boule de chiffons ; ils jouaient en riant aux éclats. C’était à proximité d’une décharge publique où s’entassaient des ordures ménagères et des bêtes crevées. Là, un chat à la tête écrabouillée paraissait enfler à vue d’œil sous une nuée de grosses mouches bleues. D’ailleurs, l’un des garçons, courant à reculons, piétina le macchabée dont le ventre explosa, libérant des viscères qui jaillirent à la grande joie des enfants. Le second prit le chat mort par les pattes postérieures et, le brandissant par-dessus sa tête, tournoya à vive allure en s’esclaffant, à l’instar de son petit ami, à la vue de l’animal dont le corps s’en allait en lambeaux.