Cyprine d’amour, cheveux épars et chairs exaltés

Les talents cachés du docteur Swann.

Je ne vais pas résumer quand même, je vous mets l’accroche-lecteur de l’éditeur, pour ceux que le genre coquin-cochon pourrait émoustiller :

Secrétaire du beau docteur Swann, Zoé est toujours célibataire à vingt-sept ans. Complexée par ses rondeurs, traumatisée par des blessures passées, elle se tient à l’écart des hommes.
Mais elle est secrètement amoureuse du séduisant médecin, et sa frustration atteint son comble lorsqu’elle le surprend en fâcheuse posture avec une patiente.
Mais pourquoi, au lieu de faire un scandale sur l’éthique, n’en profiterait-elle pas elle aussi ? Forte d’une soudaine audace, elle va proposer au médecin de l’aider à surmonter ses complexes en échange de son silence.
Elle va alors découvrir les talents cachés du Dr Swann, pour son plus grand plaisir…

* * *

Ce que je me suis donné du mal pour l’achever celui-là.  Format numérique. La connection Internet sans fil qui flanche sans arrêt sur l’Ipad. Pour tout dire,  j’ai terminé ma lecture aux matines grâce aux bons soins 3G de mon bigophone.  Ce récit charnel dématérialisé, raconte une histoire d’amour. Avec un début, un milieu et une fin (heureuse de surcroît). Ça ralentit toujours mes lectures, les scénarios classiques. Une quête, bluette érotico-sentimentale,  du genre où «l’amour finit par la submerger» avec tout le tintouin, cyprine d’amours, cheveux épars et chairs exaltés s’étalant, dans le cas précis de ce récit, à la proue de l’énorme membre excessif (qui gonfle, gonfle, gonfle, mais il va éclater) du bon docteur, accoucheur des esprits peu délurés(1). Gros plans sur toutes sortes de trucs salaces y compris scène d’action pas piquée des hannetons où Socrate fait du «car surfing» bien ancré dans le corps généreux de la somme toute complaisante apprentie.

Louche. A-t-on idée à l’aube de ce siècle bringuebalant et sans morale? Heureusement ça finit bien, vacances à Athènes, et promesse de l’aube : un môme.

* * *

1) Bout de phrase remix paresseux d’un vers du Vaisseau d’or d’Émile Nelligan :

Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l’or massif:
Ses mâts touchaient l’azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d’amour, cheveux épars, chairs nues,
S’étalait à sa proue, au soleil excessif.

Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l’Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.

Ce fut un Vaisseau d’Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.

Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu’est devenu mon coeur, navire déserté?
Hélas! Il a sombré dans l’abîme du Rêve!

Émile Nelligan (1879-1941)

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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