Sommeil de Haruki Marukami.
Elle ne dort plus. Elle lit. Dix-sept jours durant, elle veillera, yeux grands ouverts, nuit et jour. Elle lit, la nuit. Elle lit et relit Anna Karénine. Sans relâche. Elle croyait, berner par des automatismes, aimer sa vie, son mari, son enfant. Révélation, elle découvre la platitude de sa vie, son caractère répétitif, la laideur des siens : «une vie de ménagère». Elle boit du Rémy-Martin et engloutit des kilos de chocolat. Elle lit les Russes. Le jour, elle nage à s’époumoner et pose les gestes pour faire «fonctionner la réalité», sans plus. Les siens s’en trouvent ravis. Une nouvelle fascinante enrobée d’une étrange étrangeté, on est chez Murakami. Fascinante étrangeté aussi du langage pictural de l’illustratrice allemande Kat Menschik.
/ Haruki Murakami ; traduit du japonais par Corinne Atlan ; illustrations de Kat Menschik.
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Confluence de l’insomnie. Alors que j’achevais cette nouvelle de Murakami, je tombe sur ce fort texte de François Bon sur ce qui se voit et s’entend dans l’insomnie:
récurrences insomnies :
du bord symétrique du rêve qu’est l’insomnie
Dans l’insomnie, il fallait marcher. Il fallait rejoindre ces types, là-bas, qui marchaient dans le même sens. Il fallait aussi que je me souvienne de cette phrase à noter, qui expliquait pourquoi on y allait, et ce qui allait se passer. C’était important. On nous donnerait un papier. On nous appellerait par notre nom. Qui serait appelé par son nom et ne répondrait pas présent aurait des difficultés ensuite, et graves. Donc on marchait, je les apercevais.
pour la voir et l’entendre, l’insomnie, car c’était comme un cri, un appel, c’est ci-dessous :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=JUsyEtJcLOk&feature=player_embedded#![/youtube]
… Puis voilà, ce qu’il aurait fallu savoir, on ne le saura pas.