Ça fait des lustres que je râle contre les traductions franchouillardes. Cette fois-ci, c’est trop. Traduire «bibliothécaire» par «secrétaire», ça ne se fait pas. Criminel, dit-elle, là-bas depuis l’Espagne, ma réviseure linguistique espagnole.
J’ai un grand respect pour les secrétaires – la mienne m’a à de nombreuses reprises sauvé la vie professionnelle. Mais quand même, il faut savoir mettre les métiers dans les bonnes cases et les vaches seront bien gardées.
Avec de pareils êtres on ne peut pas pratiquer la charité de façon cohérente, c’est pour cela que dans les sociétés philanthropiques les présidents sont tous des Fameux et les secrétaires des Espérances. Avec les fonds de leurs sociétés, les Fameux aident énormément les Cronopes, qui s’en balancent. (je souligne)
Con seres así no se puede practicar coherentemente la beneficencia, por eso en las sociedades filantrópicas las autoridades son todas famas, y la bibliotecaria es una esperanza. Desde sus puestos los famas ayudan muchísimo a los cronopios, que se ne fregan. (je souligne)
Bibliothécaires! Révoltez-vous! No passaran!
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Julio Cortázar, Cronopes et fameux, traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon, 1992, c1977. (édition numérique)
Julio Cortázar, Historias de cronopios y de famas, c1977. (édition numérique)