Philippe Didion, dans ses Notules dominicales de culture domestique du 5 mai 2024, rédige une courte recension de Mars de Fritz Zorn. Il le cite se rappelant un passage de Maître et Marguerite de Boulgakov dans lequel il est question de la torture infligée par un essaim de mouches au corps ligoté de Jésus crucifié Truculent.
Je l’ajoute à ma collection.
Un rappel. Les véritables écrivains, quand ils en ont eu l’opportunité, lui ont consacré [à la mouche] un poème, une page, un paragraphe, une ligne; Augusto Monterroso, Les mouches. Pour le contexte, voir ici
«Mars est un récit tragique, le seul livre de cet écrivain suisse, écrit à l’aube de sa mort à l’âge de trente-deux ans. Fritz Zorn y fait le bilan de sa courte vie, gâchée par la rigidité de ses parents, de la société bourgeoise et de son pays qu’il rend responsables de son cancer. Dans ce monument de noire colère, quelques lignes montrent que l’homme sait encore faire preuve d’humour : “C’est dans ce livre [Le Maître de [sic] Marguerite, de Boulgakov] que j’ai entendu parler pour la première fois des mouches qui tourmentent Jésus ligoté sur sa croix. À d’innombrables reprises, les artistes ont peint ou chanté la “tête sacrée, couverte de sang et de blessures”, mais, avant Boulgakov, nul n’avait encore songé au fléau des mouches. Les mouches en elles-mêmes ne sont assurément pas ce qu’on peut se figurer de pire, ni pour un crucifié, ni pour le commun des mortels. Mais quand on se retrouve suspendu à la croix, dans le sang, la souffrance et l’opprobre, sous la chaleur brûlante du Sud, et que pour couronner le tout un essaim de mouches vient bourdonner autour de vous, comment ne pas s’exclamer : Il ne manquait plus que ça.»
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Philippe Didion, Notules dominicales de culture domestique, 1053, 5 mai 2024.