J’ai pensé récemment à la petite enfance d’Adam. À ses premiers pas, à ses premiers mots. Ça me paraît si loin.
Comme un grand pourcentage de bébés, il a d’abord dit « papa » avant de dire « maman ». Je m’adresse à vous les pères et je préfère être franche, inutile de vous emballer, ce n’est pas parce que vos enfants vous préfèrent à leur mère qu’ils disent papa en premier. Et contrairement à ce qu’affirment les pédiatres, ce n’est pas non plus par confort labial parce que la syllabe pa serait plus facile à prononcer que la syllabe ma. Pas du tout. Et quid des autres langues alors ? Je suis désolée, ça ne tient pas la route.Laissez-moi vous exposer ma théorie, elle est inédite : la raison pour laquelle vos bébés disent d’abord papa, c’est tout simplement parce qu’on appelle les absents. On dit le nom de celui qui ne se trouve pas dans le même espace que soi parce qu’on se demande naturellement où il est passé. Ils ne sont pas débiles les bébés. Faut pas croire. Malgré leur entêtement à ne rien faire d’autre que chier et baver, ils ont du bon sens. Ils disent majoritairement papa d’abord parce que vous n’êtes jamais foutus d’être auprès d’eux comme nous le sommes. Dévouées corps et âme, surtout les premiers mois. Ça me paraît évident et je ne sais pas pourquoi personne ne vous le dit. On vous épargne sur tous les sujets.
Faïza Guène, Kiffe kiffe hier ?. Fayard, 2024, édition numérique.