Tranche de vie. Retour au pays. Plus de réseau sur mon cellulaire. Rien de compliqué à activer pourtant, je l’ai fait des dizaines de fois au gré de mes voyages. Je décide de passer par le site web de mon fournisseur pour discuter via leur chat.
Moi : « Je n’ai pas de réseau sur mon téléphone cellulaire. »
Lui : « Essayez le Wi-Fi. »
Moi : « Mais je veux téléphoner. »
Lui : « Le numéro est le suivant : […] »
Moi : « Et ducon, mon téléphone ne fonctionne pas ! »
L’intelligence artificielle est loin de surpasser mon intelligence ordinaire.
Il m’invite à résoudre le problème via leur portail de dépannage, en entrant mon numéro de client. Mais évidemment, le site ne me reconnaît pas. Je sens déjà que je vais devoir me déplacer en boutique. Je fais une recherche en ligne, et là, surprise ! Mon fournisseur fait la promotion de son service client en chair et en os. Miracle ! Il y a justement une boutique à la Place Versailles : une baraque Bell qui gère aussi les problèmes de Virgin.
Je m’y rends. Les portes sont fermées. Mais une employée de Bell, sympathique au demeurant, m’accueille à l’entrée : « Désolé monsieur, ici, on ne s’occupe que des nouveaux clients. » Elle m’indique cependant un kiosque Virgin « un peu plus haut ». Me voilà reparti. Arrivé au kiosque, désert total. Même pas une CHAISE pour patienter. Je demande aux concurrents voisins s’ils savent quand le préposé Virgin reviendra. Personne ne sait. Bien sûr. L’un d’eux m’informe qu’il y a un autre officine Virgin à l’entrée du centre. Nouveaux kilomètres au compteur. Je m’y dirige vaillamment.
Manque de chance, un bon samaritain m’explique qu’ils ont déménagé… dans l’allée d’où je viens. Jésus-Christ ! Petit détour par le comptoir des renseignements de la grande surface hypermarchande pour demander s’ils savent pourquoi il n’y a personne chez Virgin. « Ah, il est parti chez McDonald’s s’acheter un café », me répond le préposé avec un sourire. Sérieusement ? Je remonte l’allée, pas question de m’offrir un McMuffin. J’aperçois enfin le préposé, un jeune homme avec un gobelet géant à la main, qui contient probablement un hectolitre de café insipide. C’est lui.
Après avoir expliqué mon problème, il se met à chercher une solution. Longues minutes de gossage. Je le vois jeter des coups d’œil désespérés à son café qui refroidit. Verdict : « Désolé monsieur, je n’ai pas accès au réseau de Virgin. » Ciboire ! Je lui demande ce que je peux faire. « Il y a un grand Virgin aux Galeries d’Anjou. Prenez le bus 44, vous y serez en un rien de temps. » Merci bein!
Direction les Galeries d’Anjou. Et là, miracle, je tombe sur un préposé du nom de monsieur Lopez, avec un charmant accent espagnol. En deux clics, il me réinitialise ma eSIM et tout fonctionne à merveille. Un vrai magicien. Je me surprends à regretter Madrid et ma dulcinée.
Pour me récompenser de ces efforts épiques, je décide de faire un tour dans deux librairies, Renaud-Bray et Archambault, dans l’espoir de trouver le dernier recueil de poésie de Mireille Cliche : Lignée. Nada. Je prends une photo de la section « poésie québécoise » chez Renaud-Bray : une tablette minuscule. J’ai failli acheter un blender de Ricardo pour noyer ma déception. Finalement, je me procurerai le recueil en ligne dans une librairie indépendante. DEMAIN. Ah, ce maudit décalage mental.