Une chaise de Juan Miró.
J’ai reçu un mandat du Front de libération des chaises (FLC) pour analyser le mode d’être des chaises à Palma, sur l’île de Majorque, dans les Baléares, en Espagne.
Elles jouissent d’une relative liberté malgré leur aliénation. Elles vivent l’expérience de la réification dans des activités variées et arrivent tant bien que mal à s’exprimer à travers les oeuvres de peintres et de sculpteurs.
Illustrons.
27 janvier 2025
À mon arrivée à Palma, un froid de canard sévissait. Aucune terrasse ouverte. Les chaises, empilées les unes sur les autres, semblaient murmurer : l’enfer, c’est les autres.
Visite au musée d’art contemporain : Casal Soleric.
Sa facade.
Utilitaire.
Yo lo vi de Pepe Miralles et Isabel Tejeda.
28 janvier 2025
Lotja de Palma
Ces chaises sont orientées dans la mauvaise direction. Elles ratent le spectacle sur leur gauche.
Le spectacle : une oeuvre de Jaume Plensa.
La Fondation Pilar et Juan Miró
Encore empilées devant une murale de Juan Miró.
L’atelier de Juan Miró.
29 janvier 2025
Musée d’art moderne de Palma.
Jupiter par Guido Dettoni.
Fondation Juan March.
Une chaise-lit. Remarquez la distance entre les 2 individus dans cette salle de séjour.
Guillermo Pérez Villalta. La estancia.
À ne pas confondre avec des chaises de plage. Remarquez la proximité tant physique qu’idéologique entre les deux baigneurs.
Une peinture du collectif Equipo cronica : La salita / Le salon. Un pastiche de l’oeuvre de Diego Velásquez : Las Meninas / Les Ménines. Je vous la mets, à des fins pédagogiques.
Le pastiche.
Les peintres du collectif Equipo Crónica étaient engagés politiquement, adoptant une posture anti-franquiste. Des précurseurs du FLC. Dans leur œuvre, le tableau sur lequel Velázquez peignait Philippe IV d’Espagne et Mariana d’Autriche a disparu, remplacé par une plante verte. Leur reflet dans le miroir s’efface également, laissant place à une toile représentant deux chevaux. Une approche résolument iconoclaste, bouleversant les codes de la tradition politique et picturale.
Les chaises ? Dans la pièce du fond, le chambellan du roi, José Nieto Velázquez, a lui aussi disparu, remplacé par deux fauteuils, accentuant ainsi le détournement et la réinterprétation de la scène originale.
Pour conclure. Edourdo Chilida, Proyecto para el Arco de la Libertad / Projet pour l’arc de la liberté [des chaises].
Whouaa ! Toute une exposition. Je pense que ma préférée est celle où l’on voit les trois mains. Merci.