La mouche d’Arthur Teboul [27]

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[La mouche envahit toute la littérature. Où que vous posiez l’œil, vous y trouverez la mouche. Les véritables écrivains, quand ils en ont eu l’opportunité, lui ont consacré un poème, une page, un paragraphe, une ligne; Augusto Monterroso, Les mouches. Pour le contexte, voir ici.]

Lors de l’émission La grande Librairie, l’écrivain et chanteur Arthur Teboul a récité un poème de son cru. Voyez cette mouche alambiquée posée sur la tartelette du jour.

[L]a poésie est à tout le monde, N’ayez pas peur de jouer. Vous risquez tout au plus d’être victime de votre imagination.

La poésie est fille de rien, de la rue ; mais fille aussi de la liberté, de la joie, du jeu, de la fraternité, du rêve.  Il faudrait un jour  chercher à comprendre pourquoi nous l’avons chassée hors de la vie de tous les jours, hors du monde. Tenue à distance. Peut-être parce qu’elle met à mal notre souci d’efficacité. Notre obsession du profit, de la rentabilité? Elle s’amuse. L’air de rien. Elle est un contre-pouvoir. Elle nous rappelle que derrière l’habitude tout est encore possible, la lumière accidentelle comme la mouche alambiquée qui se pose sur la tartelette du jour – je dis ce qui me passe par la tête, ça fait du bien, je prends l’air. Je risque une autre hypothèse : si nous tenons la poésie à distance c’est parce qu’elle réveille l’enfant qui vit encore en nous et que cela nous effraie. Elle éclaire notre part de mystère. Cette part de soi-même inconnue à soi-même. Et si on ne se laisse pas intimider par cette langue de l’enfance et de l’inconnu, le réel s’offre alors dans une profondeur réelle. Cette langue là qui éclaire un instant l’envers du monde, nous est nécessaire. Je crois dur comme fer à ce besoin profond de poésie là en chacun de nous, qui nous distingue des machines et qu’il s’agit simplement de réveiller. Ce que provoque la poésie est hors du commun, à la fois mystique et très simple, un moment de partage et de joie pure. La poésie est partout, en disant le monde autrement, elle le fait advenir autrement. Cette manière de s’emparer du réel en le disant à sa façon, à votre façon, n’est pas réservée aux pages de livres, n’est pas non plus l’usage des poètes et des lettrés, la poésie est à tout le monde, Alors, à ce jeu vous n’avez donc rien à perdre. N’ayez pas peur de jouer. Vous risquez tout au plus d’être victime de votre imagination.

L’extrait sonore se trouve ici sur Instagram.

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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