Les mouches et la littérature : Sur la dalle de Fred Vargas [28]

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[La mouche envahit toute la littérature. Où que vous posiez l’œil, vous y trouverez la mouche. Les véritables écrivains, quand ils en ont eu l’opportunité, lui ont consacré un poème, une page, un paragraphe, une ligne; Augusto Monterroso, Les mouches. Pour le contexte, voir ici.]

Un seul essaim de mouches dans ce polar.

La femme de Robic se souciant comme d’une guigne de ce que pouvait bien faire son mari, c’est le jardinier qui découvrit au matin, vers huit heures moins le quart, le corps de son patron couvert de sang, derrière le cellier. Il le détestait et le voir mort ne l’émut en rien. Mais cette débauche de sang le dégoûtait, des mouches tournaient déjà, il s’éloigna de quelques mètres pour appeler la gendarmerie de Combourg où on le mit en rapport avec le commissaire Adamsberg, dont les troupes fraîches de l’équipe de jour étaient déjà en route pour relayer la surveillance qui avait duré en vain toute la nuit.

Ce sont pourtant d’autres bibittes qui envahissent ce roman. J’y ai dénombré au-delà de 70 occurrences du mot «puce*». Audacieuse Fred Vargas.

Pour les intéressé·e·s,  elle zeugme assez joliment :

C’est cette commère, jacasseuse comme une oie, qui m’a également confié que, frustré par sa vie amoureuse désastreuse, il se donnait entièrement aux écoliers et aux études. Études de qui, entre autres ?

et

Au fil des années et des réussites du commissaire dans les enquêtes les plus tortueuses, sa réputation s’était affermie en même temps que les menaces contre sa vie.

Elle exhume un vieux mot, un beau :

C’est évident, dit Adamsberg, il extravague.

L’Inspecteur Adamsberg est égal à lui-même :

– Je croyais qu’on ne suivait pas cette piste.

– On la suit pour la perdre.

En prime, l’un des personnages du roman cite Talleyrand :

Tout ce qui est excessif est insignifiant, a dit Talleyrand mais dans votre cas, il semble au contraire que ce fut signifiant.

Olivier Niquet faisait de même dans son infolettre du jour :

J’ai tendance à trouver que tout ce qui est excessif est insignifiant, comme disait l’autre, mais dans ce cas-ci, ça vaut la peine d’au moins se poser des questions.

C’est un accouplement, selon un célèbre blogueur.

C’est tout pour aujourd’hui.

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Sur la dalle, Fred Vargas, 2023, [Édition numérique]

A propos Luc Jodoin

Effleure la surface des choses. Intérêt pour la littérature, la langue, les arts visuels, la sociologie et les enjeux sociaux. Tendance woke. Préfère Madrid à Barcelone.
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