[La mouche envahit toute la littérature. Où que vous posiez l’œil, vous y trouverez la mouche. Les véritables écrivains, quand ils en ont eu l’opportunité, lui ont consacré un poème, une page, un paragraphe, une ligne; Augusto Monterroso, Les mouches. Pour le contexte, voir ici.]
Un livre que j’ai lu à de nombreuses reprises.
«Les Saisons est un livre extraordinaire, unique, stupéfiant.» écrivait Philippe Didion dans ses notules du 12 juillet 2020.
Tout autre que lui, poussant la porte vitrée, alourdie par un insolite et arrogant entrelacs de ferronnerie, eût été saisi par l’odeur fétide qui régnait dans la salle : était-elle due aux vomissures qui souillaient le plancher de bois sous les tables ? aux écuelles immondes qui traînaient sur le sol auprès de la cuisinière et au-dessus desquelles bourdonnaient des essaims de mouche
[…]
Mais quand il se trouva, les poignets nus, au bord du récipient, son corps marqua un temps d’arrêt : dans la cuvette croupissait une eau grisâtre, épaisse, et dans cette eau baignait une incroyable multitude de grosses mouches.
[…]
Après quelques heures d’une attente – dont Siméon se dit en fin de compte, mais à tort, qu’elle avait dû leur sembler plus longue à eux qu’à lui – l’aubergiste, sans un mot, se rapprocha du poêle. Elle se plia en deux, pour touiller avec un manche de bois dans l’un de ses chaudrons, puis, ramassant une assiette à même le sol et la secouant en l’air pour en faire fuir les mouches et tomber les déchets, elle la remplit d’une épaisse purée brune et vint la déposer, avec une cuillère de bois, sur la table de Siméon.
On peu aussi lire l’incipit de ce roman, ici.
Avec l’amicale collaboration de Luc Séguin. Je recommande fortement la lecture de son blogue : La chambre d’écoute.
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Maurice Pons, Les saisons, Christian Bourgeois éditeur, coll. «10-18», 214. p. Édition numérique.